Conversation avec Nicolas Paries

À la fois designer et développeur, Nicolas Paries, un ancien étudiant en SRC (services et réseaux de communication), est aussi le fondateur de Hey Low. Le but du studio : concevoir des sites internet éco-conçus. En effet, après avoir travaillé en agence à Paris sur des projets orientés luxe et beauté, Nicolas Paries se sent perdu et éprouve le besoin de trouver du sens dans son métier de développeur. Un jour, il tombe sur un projet nomméPrecious Plastics, dont le sujet est le recyclage du plastique. C’est une révélation. Il décide alors de se rapprocher de l’éco-conception dans le but d’accompagner des projets qui font sens.

Conversation avec Nicolas Paries

Conversation avec Nicolas Paries

Conversation avec Nicolas Paries

Sa définition de l’éco-conception

Pour Nicolas Paries, l'éco-conception consiste avant tout à mieux faire son travail, c'est-à-dire faire des sites internet propres. En effet, il souligne que la courbe d'évolution du débit d'internet est en constante augmentation. Pourtant, la vitesse de chargement des pages, n'augmente pas. Ce phénomène s'explique par le fait que les sites internet sont de plus en plus lourds, puisque qu'ils utilisent des technologies elles-mêmes trop lourdes, comme la 3D par exemple. C'est pourquoi, s'il devrait définir l'éco-conception, il dirait que c'est faire des sites utiles et légers pour des projets soutenables et compatibles avec de vieilles machines.

Comment concilier la volonté d’éco-concevoir avec la demande client ?

La première chose à faire, c'est de demander au client « Pourquoi ? ». Ainsi, il détermine avec lui, s'il est pertinent d'utiliser tel média ou telles technologies. Le but, c'est d'éliminer ce qui n'est pas utile au projet afin de trouver un équilibre entre l'utilisation de la technologie et son impact environnemental.

Entre budget et temps, il y a des pratiques qui sont parfois difficiles à mettre en place. Un site éco-conçu demande beaucoup  d'argent. Ainsi, pour lui, c'est mieux de faire un site internet mal fait pour quelqu'un qui a un projet important plutôt que de ne pas faire de site du tout. Le récit mis en place est le plus important, c'est une histoire de communication.  Il faut arriver à inculquer un imaginaire pour qu'il y ait une bascule dans la société autour de l'éco-conception.

Quels outils utilise-t-il ?

Tout d'abord, pour concevoir, le premier outil, c'estla console dans le navigateur. Avec l'inspecteur de page, il cherche dans l'onglet réseau le nombre de datas transférées. Cela lui sert aussi à analyser différentes catégories de données comme par exemple le format de l'image, s'il est en format classique jpeg ou bien en format compressé web comme le webp.

Mais l'éco-conception, ce n'est pas que l'impact des données, c'est beaucoup plus vaste. Pour lui, faire attention à la résilience d'internet est un point capital dans la démarche d'éco-conception. C'est pourquoi Nicolas Paries utilise des technologies qui existent depuis longtemps et qui sont donc susceptibles d'exister encore longtemps comme par exemplePHP. Il se méfie des Jamstacks qui ne sont souvent que des effets de mode. De même, il cherche à se détacher de la big tech afin d'imaginer l'Internet du futur. Il privilégie donc des CMS commeKirby, créé par une petite boîte allemande indépendante avec une communauté active.

Pour l'intégration, il utilise HTML et CSS et parfois un peu de JS si besoin.

Ses conseils pour un débutant

Le choix des designs est primordial dans une démarche d'éco-conception. C'est d'ailleurs, ce qui est souvent mis de côté dans un site éco-conçu. Ils manquent souvent d'identité visuelle. Pour inspirer les gens, il a donc recensé sur son sitelowww.directory des sites internet éco-conçus avec une belle esthétique et que ne sont pas ennuyeux. Il faut selon lui retourner vers une pratique du design sobre mais à la fois plaisante, retourner vers les bases. Il cite alors comme exemple les affiches de Saul Bass, constituées d'aplats de couleurs et d'effets de découpage, un design qui sur un site serait léger et plaisant. Il souligne également la place du choix de la typographie dans dans l'éco-conception.

Il conseille aussi se s'orienter vers une communauté, de parler avec les gens et de suivre ce qu'il se fait. Pour cela, il existe des communauté françaises commeNoesya etReboot ! mais aussi des communautés anglo-saxonnes commeClimate Action Take avec une grande quantité de ressources. Lire est aussi important, il cite les écrits de Gauthier Roussilhe, très intéressants selon lui.

Enfin, le plus important, c'est d'essayer de faire le changement, d'être dans l'action même si l'on fait des erreurs, le principal c'est d'apprendre. Pour lui, être dans dans le mouvement, cela aide à se sentir bien.