Conversation avec Florian Guillanton

Florian Guillanton est le Co-fondateur de Ctrl S, une agence de design indépendante qui milite pour un numérique responsable. Actuellement, il s'occupe de la conception et du design des projets. Très engagé dans le sujet de l'éco-conception, Florian cherche à sensibiliser la population sur l'importance d'éco-concevoir sur internet. Il est aussi professeur à Science Po et à Cy design.

Les conversations - Florian Guillanton

Greener_ | Les conversations - Florian Guillanton

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Comment s’est-il lancé dans l’éco-conception ?

Florian s'est lancé dans l'éco-conception, suite à un projet étudiant il y a 3 ans, même s'il avait déjà été sensibilisé lors de son master en Sciences Politiques.

Il a fait le constat que chaque année, l'empreinte du numérique ne cesse de s'accroître. De plus, c'est le seul secteur industriel où les gens ne signalent pas, ou très peu, les problèmes écologiques.

S'il n'avait pas été possible de réduire l'empreinte énergétique dans le secteur du numérique, Florian affirme qu'il n'aurait pas évolué dans ce milieu, cela aurait été trop dissonant avec ses principes.

Sa définition de l’éco-conception

Pour Florian, l'éco-conception est le stade avant la création. C'est la démarche qui consiste à s'interroger sur la pertinence du projet, sur son intérêt.

Si il y en a un, vient ensuite la question de comment on minimise un maximum les différentes empreintes écologiques de ce projet, qu'elles soient en termes de consommation d'énergie, d'espace, d'attention des gens, de matières...

Il faut aussi se questionner sur le cycle de vie du projet, comment on approche sa création, son utilisation et sa fin de vie.

Ses conseils pour un débutant

Florian Guillanton explique que le plus important pour commencer à éco-concevoir c'est la hiérarchisation du niveau d'importance du contenu. Il faut répondre à un besoin social ou physiologique, mais surtout pas à un besoin économique engendré par d'autres besoins économiques. Le but de la démarche n'est pas de se faire de l'argent.

Selon lui, les chefs de projet devraient être capables de mettre en place des indicateurs dès le début du projet, c'est-à-dire de mettre en place les enjeux et les structurer. Il faut donc avoir une bonne connaissance des enjeux et des bonnes pratiques.

Concernant les designer·euse·s, il faut optimiser les parcours utilisateurs : le but étant de garder le moins longtemps possible l'utilisateur sur le site, tout en étant efficace dans la transmission d'informations. Malheureusement, la majorité des sites internet font le contraire, ils font consommer l'utilisateur.

Pour les développeur·euse·s, l'enjeu serait de questionner l'utilité du design des maquettes mais surtout de prévoir l'architecture la plus sobre possible. Il faut que le·a développeur·euse code proprement et qu'iel évite un maximum de faire appel à des librairies dont iel n'utilise qu'une infime partie.

Comment concilier la volonté d’éco-concevoir avec la demande client ?

Florian et son équipe ne rencontrent pas vraiment de problème pour négocier des sites éco-conçus avec les clients puisque justement ceux-ci viennent pour cela.

Il explique qu'il faut bien traduire les grands enjeux en problématiques bien précises. Il ne faut pas se laisser avoir par l'aspect esthétique des choses pour designer.

Techniquement, l'éco-conception pourrait coûter moins cher que les autres produits sur le marché.

Quels outils utilise-t-il ?

Il n'y a pas réellement d'outils dans l'éco-conception, ce serait une illusion de penser qu'il y ait un outil magique qui rende les choses écologiques.

Florian aimerait créer un plug-in Figma qui analyse si les éléments sont éco-responsables ou non. Malheureusement, c'est assez difficile car il faudrait spécifier énormément de choses et que ce ne serait pas très généralisable.

De manière générale, il nous conseille quand même d'utiliser Figma ainsi que des outils de compression, et beaucoup de jugeote.

SEO et éco conception :

Pour Florian, le concept de SEO va trop loin. Il trouve absurde de créer un métier pour monopoliser un positionnement sur un moteur de recherche. Cela le rend nostalgique de l'époque où internet était encore trié à la main. Bien qu'il n'ait pas connu cette époque longtemps, pour lui ce serait un moyen plus efficace de restreindre les émissions d'empreintes numériques.

Par ailleurs, sur le site internet de Ctrl S, ils ont utilisé un bon wording pour mieux être référencés et n'utilisent pas de cookies ni de script. Si Google fait évoluer leurs méthodes de référencement, la méthode de Ctrl S ne sera peut-être plus compatible.

Pour l'instant, il est compatible d'avoir un site sobre et d'avoir un bon SEO mais cette certitude risque d'être bouleversée dans quelques mois.

Les ressources qu’il conseille :

Les contacts intéressants :

  • David Maenda Kithoko (numérique, industrie minière et droits humains)
  • Louis Derrac

Les rapports :

Les livres à lire absolument :

  • L'age des low-tech, Philippe Bihouix (il est intervenu dans pas mal de podcasts, ça dure 1h et quelques et ça vaut le détour)
  • Pour tout résoudre, cliquez ici, Evgeny Morozov
  • Culture Numérique, Dominique Cardon
  • Technologie partout, démocratie nulle-part, Y. Benayou et I. Regnauld

Newsletters :

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Sites et blogs :

  • Le mouton numérique
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Podcasts :

  • Techologie (podcast de Richard Hanna)
  • L'octet vert (Tristan Nitot)